mardi 7 janvier 2014

SOUS LE BETON, LILLE SUD.


Cela fait déjà cinq ans que Lillenium est en projet mais 2014 sera bel et bien l’année qui verra le centre commercial du promoteur français Vicity commencer à voir le jour. 1 084 jeans, 853 robes, 685 pulls, 675 paires de chaussure et un hôtel sur 42 800 m2 en plein Lille-sud. Le bâtiment pharaonique se dressera juste devant le pont qui mène à la rue du faubourg des postes et devrait accueillir pas moins de 100 millions de consommateurs.
Si Martine Aubry déclarait à l’annonce du projet que « 98% des achats des habitants lillois de Lille-sud se font en dehors du quartier », il y a de quoi se demander si ce chiffre n'a pas été gonflé : Le faubourg des modes, qui avait été mis en place par Martine Aubry (33 000 euros rien que pour l'année 2013) afin d'aider de jeunes créateurs, se trouve à quelques pas de l’endroit où devrait se situer le centre commercial. Il y a d’autant plus lieu de se demander si cette offre répond bien à une demande que parmi les 24 000 habitants du quartier, on dénombre pas moins d’un chômeur sur dix…Quant aux autres boutiques de la rue du Faubourg des postes, elles pâtirons du géant du supermarché Leclerc qu’abritera la galerie marchande, leur une faisant concurrence directe qu’on peut donc considérer comme déloyale. Autant dire que si Vicity se targue d’être « avec les petits commerçants depuis le début » en se refusant à implanter une boucherie dans ses locaux, c’est parce que le supermarché Leclerc en abrite déjà une !
Cette infrastructure se réclame également de l’écologie, avec systèmes d’économie d’énergie, toiture végétalisée, système de récupération des eaux… Et parking souterrain de 900 places de voitures ainsi que toujours plus de bétonnage avec deux nouvelles voies créées, l’une en descente du pont et l’autre dans le prolongement de la rue de Marquillies. Lillenium fera donc partie de ces nouveaux centres commerciaux qui poussent comme des champignons un peu partout en France se revendiquant comme des équipements de « nouvelle génération », toujours « innovants » et qui seraient des « lieux de vie environnementalement postif ». Rappelons tout de même un détail de taille : les produits qui y sont commercialisés n’ont absolument pas vocation à s’inscrire dans une logique de circuit court. Et pour cause, il s’agit en fait ni plus ni moins de greenwashing, cette méthode qui consiste à repeindre en vert des pratiques aux antipodes de la logique écologique pour justifier le toujours plus de consumérisme à l’image du Mcdonald’s avec son logo devenu vert.
Alors que la France est le pays d’Europe de l’ouest où il s’ouvre le plus de centres commerciaux et que leur fréquentation au contraire est en baisse pour cause de chômage de masse, il serait étonnant de constater que la course au bétonnage continue encore si l’on ne connaissait pas sa cause réelle. En effet, si Martine Aubry a autorisé l’installation de Lillenium à Lille-sud, ça n’est ni pour une raison d’habitants en mal de consommation et encore moins pour celle de l’écologie. C’est tout simplement parce que Martine Aubry a franchit la barre des 400 millions d’euros de dette durant ses deux mandats, faisant de Lille la troisième ville la plus endettée de France et qu’elle aurait donc besoin de taxes foncières pour l’éponger. (En Seine-Saint-Denis, le centre commercial Le Millénaire rapporte ainsi 1 à 2 millions d’euros annuels de taxe foncière à la ville d’Aubervilliers.) Sans compter les recettes en matière de publicité que Lillenium pourrait rapporter à la mairie de Lille. Un joyeux échange de bons procédés dans lequel on a vraiment du mal à discerner l’intérêt des lillois.

Alice VILLAIN

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