La fédération de
Debout La République Nord tient à exprimer son profond soutien aux
syndicalistes et aux employés de Maubeuge et de Cambrai qui se
battent en ce moment pour que l’État cesse de démissionner
systématiquement de ses fonctions régulatrices.
En effet, c’est une
baisse du nombre d’agents de contrôle du travail de 147 à 128
ainsi que la fermeture des antennes de Maubeuge et de Cambrai qui est
prévue dans le Nord, avec un rapatriement des agents des villes en
question à Valenciennes. Même si le processus a été désamorcé, puisque deux cents personnes ont envahi jeudi 20 février le comité
technique où la directrice régionale du travail (Direccte) devait
faire valider son « schéma » de restructuration des services,
la question est : jusqu’à quand ?
Car, non seulement
Annaick Laurent, la directrice, n’a pas été claire sur les
garanties du maintien des antennes, mais cette restructuration n’est
que la traduction d’une réforme de l'inspection du travail de
Michel Sapin, qui malgré son désaveu par le Sénat fin février,
va être poursuivie. Il s’agit grosso modo de fusionner les unités de contrôle au niveau régional, avec un seul responsable, de sorte à réduire les effectifs des agents de
contrôle du travail. Par ailleurs, ces agents auraient désormais la
possibilité d'infliger des amendes aux entreprises, alors que seule
la voie pénale était jusqu'ici possible.
Le déni de démocratie
dont fait preuve Michel Sapin est d’autant plus alarmant par deux
aspects. Il s’inscrit dans une énième volonté de casse du
service public, si l’on sait que la France ne compte que 2 236
agents de contrôle pour surveiller 1,82 million d'entreprises, soit
un agent pour un peu plus de 8 000 salariés. Ce qui impliquera que
des salariés n’auront plus forcément le temps, l’argent ou même
les deux à la fois pour se déplacer à l’autre bout du
département en cas de litige. Il s’inscrit également dans une
indifférence quant à la rigueur judiciaire, et n’ayons pas peur
de le dire, quant à la justice-même ; en effet, en
assouplissant la procédure pénale pour mieux sabrer dans les
effectifs d’agents de contrôle du travail, le gouvernement oublie
non seulement que de par leur formation ces agents n’ont pas la
capacité de discernement nécessaire pour juger de sanctions
pénales, mais que ces sanctions, qui ont toutes les chances d’être
arbitraires, pénaliseront toujours les mêmes : les petites et
moyennes entreprises, les plus vulnérables donc les plus
attaquables.
En effet, ce sont les
multinationales et les banques que le gouvernement ferait mieux
d’avoir en priorité dans le viseur, elles qui n’hésitent pas à
s’expatrier fiscalement, à embaucher de la main d’œuvre à bas
coût et à exercer une pression extrême sur leurs salariés au nom
de la sacrosainte compétitivité. Mais, il est vrai qu’il est
toujours plus facile de taper à bras raccourcis sur les PME lorsque
l’on cherche à résorber une dette faramineuse de 1800 milliards
d’euros. Plus facile, plutôt que de se procurer les listings
bancaires des grandes firmes françaises, de mettre en place une
vraie directive sur les travailleurs détachés les obligeant à
payer les charges sociales en France, ou d'imposer une réglementation
plus ferme en matière de harcèlement moral au travail, alors même que les cas de dépression et de suicides liés à ce phénomène se multiplient.
Alice VILLAIN

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