La commission européenne et ses technocrates non-élus ont encore une fois frappé : poussés par une idéologie visant à casser coûte que coûte les services publics, ils s'apprêtent à exiger de la France la libéralisation complète des transports ferroviaires. Si les textes actuels prévoyaient déjà une mesure similaire pour les TER, ce sont désormais les lignes nationales de TGV qui sont dans le viseur de Bruxelles : elles devront s'ouvrir à la concurrence à partir de 2019.
Quand l'idéologie l'emporte sur la raison
Cette décision est choquante aussi bien sur la forme que sur le fond : il est d'abord toujours aussi stupéfiant de voir un groupe de technocrates non-élus venir imposer ses diktats à des gouvernements issus, eux, des urnes. Comment accepter de voir des décisions aussi importantes être prises en catimini, sans aucun contrôle démocratique ? Particulièrement quand cela risque, au final, de nuire à l'intérêt général...
Alors que les partisans de l'ouverture à la concurrence louent les vertus d'un système profitant au consommateur, il suffit en effet de regarder les résultats de la libéralisation de certains "monopoles naturels" pour comprendre que le dogme doit parfois s'effacer devant la raison. Quand la privatisation est un échec, il ne faut pas hésiter à revenir à une situation plus saine. C'était d'ailleurs tout le sens des propositions 18 à 22 du projet défendu par Nicolas Dupont-Aignan lors de l'élection présidentielle.
Quelques exemples aberrants
Il faut en effet rappeler que les prix et la qualité du service n'ont pas du tout évolué de manière positive depuis que certains services publics ont été brisés (tels que le gaz, l'électricité ou les autoroutes). Pour le cas particulier du transport ferroviaire, certains évènements devraient inciter les pouvoirs publics à la prudence : la privatisation de British Rail dans les années 90 s'était ainsi accompagnée d'incidents retentissants (Southall en 1997, Ladbroke grove en 1999, Hatfield en 2000), avant la reprise en main partielle par la puissance publique du réseau via la société Network Rail en 2002.
Dans d'autres domaines, tels que le nucléaire, l'exemple de Fukushima nous a montré que l'abandon d'un secteur sensible au privé peut conduire à des économies irresponsables au détriment de la sécurité. Pouvons-nous accepter de voir des vies mises en jeu simplement pour répondre aux desiderata d'idéologues bornés ?
Retrouver des marges de manœuvre
Si la SNCF doit bien évidemment améliorer son efficacité et la qualité du service rendu à ses usagers, nous ne pouvons pas, pour autant, admettre la remise en cause totale du système de transport ferroviaire. Enfermée dans un carcan de contraintes par une Union Européenne décidément bien éloignée des peuples, la France n'est plus libre de choisir son destin. Pour retrouver des marges de manœuvre et pour défendre ses services publics, notre pays doit retrouver sa pleine et entière souveraineté. Cela passe nécessairement par la remise en cause des traités européens en vigueur, qui laissent bien trop de pouvoir à une commission manifestement irresponsable.
Yohann Duval
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