Jeudi 9 Mai, c’est la «journée de l’Europe», nous dit-on. L’occasion rêvée pour tous les européistes de réciter leur catéchisme sur «l’Europe de la paix» qui nous «protège». Cette Europe à laquelle les peuples, qui s’en écartent de plus en plus, ne comprennent décidément rien. Heureusement que nos «élites» sont là pour nous montrer la voie ! Pour ces braves gens, louer les bienfaits de l’UE, cela n’a littéralement pas de prix.
Prenez Patrick Kanner, le président socialiste du conseil général du Nord. Il vient de nous envoyer le dernier numéro de son magazine maison, intitulé sobrement «Nord, le département». Pour l’édition du mois de Mai, la couverture nous présente un homme arborant fièrement un t-shirt aux couleurs de l’UE, sous une chemise blanche à la BHL. À ses côtés, un titre choc : «l’Europe booste le Nord».
Dans son éditorial, le président du CG du Nord nous invite à «célébrer l’Europe, ses réalisations, ses symboles». Il y affirme même que «l’Union Européenne, comme vous le lirez, fait beaucoup pour le Nord». Magnifique ! Pour un peu, nous serions prêts à chanter l’hymne à la joie, à genoux devant une statue de Jean Monnet.
Sauf que notre doux rêveur ne semble lui-même pas croire à ce qu’il raconte. Il admet que «le contexte, pourtant, ne pourrait pas s’y prêter» et que «certaines décisions peuvent paraître parfois distantes des réalités». Le taux de chômage record dans la zone euro, la jeunesse sacrifiée, lamontée des tensions entre nations ou encore la mise au pas des États par des traités toujours plus intrusifs et contraignants auraient donc pu franchir les murs épais de la tour d’ivoire dans laquelle Patrick Kanner s'est réfugié ?
Le dossier sur les aides de l’Europe vaut lui aussi le détour : nous y apprenons que l’Europe nous trouve du travail, qu’elle finance nos collèges, qu’elle rend le Nord «fort et dynamique», et que les nordistes ont «besoin de ses financements». Le lecteur ne peut qu’en conclure que sans l’UE, nous serions totalement désemparés. Mais il peut aussi se poser une question : d’où viennent ces fameux financements dont l’UE nous abreuve si généreusement ?
À cette interrogation, il n’obtiendra pas de réponse, tout simplement car l’utilité de l’UE serait sérieusement remise en cause si le document abordait ce point précis. En effet, les subventions de l’UE ne tombent pas du ciel : elles viennent du budget de l’UE. Et le budget de l’UE est lui-même abondé par les États membres : la France verse ainsi aux alentours de 20 milliards d’euros chaque année. Combien reçoit-elle de fonds pour financer des projets, tels que ceux mentionnés plus haut ? Environ 13 milliards. En d’autres termes, nous sommes perdants à hauteur de 7 milliards d’euros. Tous les ans.
Prenons une image, pour rendre les choses plus parlantes. Vous avez un «ami», que nous appellerons José Manuel (ou Herman, peu importe). Il est le dirigeant de l’association des voisins du quartier (sans que vous ne l’ayiez jamais élu, mais c’est un autre problème). Pour faire partie de son association et l'aider à financer les projets qu’elle soutient, vous lui donnez 20 euros chaque jour. C’est cher, mais vous recevez, en contrepartie, 13 euros de sa part.
Attention, cependant : vous ne pouvez pas utiliser cette somme à votre guise ! À chaque fois que vous décidez d'utiliser 1 centime de cette cagnotte, vous devez obligatoirement mentionner que ce projet est «financé par l'association des voisins de quartier» et apposer son emblème sur tous les documents s'y rapportant. Avouez que c’est assez contraignant, et pas très rentable : ne préféreriez-vous pas financer directement vos propres projets, sans passer par l’association, utiliser la totalité des 20 euros et, de cette façon, éviter de rétribuer grassement un «ami» dont le seul objectif semble être d’abuser de votre crédulité ?
La France étant un contributeur net (comme l’Allemagne, et d’autres), lorsque vous voyez un collège «financé par l’Union Européenne» (0169:FR:PDF" target="_blank">mention obligatoire au titre du règlement 1828/2006 de la commission européenne), vous avez en réalité devant vos yeux un bâtiment construit avec l’argent de la France, c'est à dire votre argent. Celui de vos impôts. L’UE n’est pas un mécène, c’est tout au plus un intermédiaire… peu scrupuleux, qui plus est, puisqu’il n’hésite pas à se servir largement au passage et à vous utiliser pour faire gratuitement sa publicité.
Vient alors une autre question : compte tenu des milliers d’exemplaires imprimés, de la quantité de papier utilisée et des dizaines de personnes requises pour les distribuer, combien nous coûte la propagande eurobéate de Patrick Kanner ?
Yohann Duval
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