lundi 31 mars 2014

À LILLE, CE SERA DÉSORMAIS LE BURGER QUI SERA ROI !

Alors qu'on apprenait la semaine dernière que Lille était la deuxième «grande ville» de France en matière de gaspillage d'eau juste après Nice, l'arrivée de Burger King à Lille se présente comme un deuxième choc pour toute personne ayant un minimum de conscience écologique.

En premier lieu, il y a vraiment de quoi se demander si l'arrivée de Burger King à Lille ne va pas donner lieu à ce type de phénomènes dans quelques temps. 

L'ouverture du restaurant, annoncée le 19 mars, est d'autant plus symptomatique de l'américanisation de la France que Lille compte déjà en plein centre ville trois Mc Donald's et deux Quick. Un KFC a encore ouvert ses portes le 29 octobre 2013, sans compter les restaurants à kebabs et autre Subway...

Burger King ne fait que se glisser dans la brèche de l'engouement pour les fast food. La preuve, son objectif est de passer de 350 à 400 ouvertures de restaurants en France d'ici à 10 ans, avec un horizon de 20% de part de marché dans la restauration rapide !

Après le projet Lillenium aberrant que la fédération de Debout La République Nord avait dénoncé en février dernier, force est de constater que Martine Aubry ne reculera décidément devant rien pour éponger ses dettes et faire repartir la croissance dans une ville qui compte il est vrai le taux faramineux de 20% de chômage (chiffre constaté par le comité de bassin d’emploi).

Ces objectifs sont certes louables, et même urgents quand on sait que Martine Aubry entame un troisième mandat, mais il est temps de se responsabiliser (et pas qu'avec la haute finance) et de se demander à quel prix ? Le prix, c'est donc celui de la promotion d'un mode de vie uniformisé à l'américaine, mais aussi de la malbouffe. Outre les scandales sanitaires propres aux grandes chaînes de restauration, se posent les problèmes des anti-vomitifs, des addictifs et des OGM dont sont gorgés les produits qui y sont vendus. Autant dire qu'avec une vitrine gastronomique pareille, le score satisfaisant de 11% d'EELV au premier tour des élections municipales est à interpréter comme un cri d'alerte désespéré...

Alors qu'EELV a (sans surprise) décidé de fusionner sa liste avec celle du PS après s'être vu confié un nombre de responsabilités non négligeable au sein du conseil municipal précédent avec Eric Quiquet, Lise Daleux, Dominique Plancke et Cyrille Pradal, il n'y a toujours pas lieu d'espérer quoi ce soit concernant un potentiel arrêt de la colonisation des fast food à Lille...

Pourtant, les idées ne manquent pas et pour le coup, Martine Aubry ferait bien de s'inspirer de la vidéo ci-dessous ayant été tournée pas plus loin qu'à Roubaix (à partir de 14:29), dans laquelle un restaurant agit à la fois pour la santé publique et pour l'emploi en utilisant des produits bios et locaux. Qu'on se le dise, il peut exister une croissance économique intelligente ! Alors, avant de débourser 3,4 millions d’euros au total pour Lille3000 dans une optique de démonstration de force, LMCU ferait bien de créer cette force en subventionnant des initiatives telles que celle-là pour aider les talents locaux à émerger et compenser le prix du travail de l'agriculture biologique de sorte à démocratiser le droit à une nourriture de qualité qui devrait appartenir à tous.

Alice VILLAIN




mercredi 12 mars 2014

LE DÉTRICOTAGE DE L'INSPECTION DU TRAVAIL ALORS QU'ON ESTIME A 500 PAR AN LE NOMBRE DE SUICIDES D'ORIGINE PROFESSIONNELLE : CHERCHEZ L'ERREUR !




La fédération de Debout La République Nord tient à exprimer son profond soutien aux syndicalistes et aux employés de Maubeuge et de Cambrai qui se battent en ce moment pour que l’État cesse de démissionner systématiquement de ses fonctions régulatrices.

En effet, c’est une baisse du nombre d’agents de contrôle du travail de 147 à 128 ainsi que la fermeture des antennes de Maubeuge et de Cambrai qui est prévue dans le Nord, avec un rapatriement des agents des villes en question à Valenciennes. Même si le processus a été désamorcé, puisque deux cents personnes ont envahi jeudi 20 février le comité technique où la directrice régionale du travail (Direccte) devait faire valider son « schéma » de restructuration des services, la question est : jusqu’à quand ? 
 
Car, non seulement Annaick Laurent, la directrice, n’a pas été claire sur les garanties du maintien des antennes, mais cette restructuration n’est que la traduction d’une réforme de l'inspection du travail de Michel Sapin, qui malgré son désaveu par le Sénat fin février, va être poursuivie. Il s’agit grosso modo de fusionner les unités de contrôle au niveau régional, avec un seul responsable, de sorte à réduire les effectifs des agents de contrôle du travail. Par ailleurs, ces agents auraient désormais la possibilité d'infliger des amendes aux entreprises, alors que seule la voie pénale était jusqu'ici possible.

Le déni de démocratie dont fait preuve Michel Sapin est d’autant plus alarmant par deux aspects. Il s’inscrit dans une énième volonté de casse du service public, si l’on sait que la France ne compte que 2 236 agents de contrôle pour surveiller 1,82 million d'entreprises, soit un agent pour un peu plus de 8 000 salariés. Ce qui impliquera que des salariés n’auront plus forcément le temps, l’argent ou même les deux à la fois pour se déplacer à l’autre bout du département en cas de litige. Il s’inscrit également dans une indifférence quant à la rigueur judiciaire, et n’ayons pas peur de le dire, quant à la justice-même ; en effet, en assouplissant la procédure pénale pour mieux sabrer dans les effectifs d’agents de contrôle du travail, le gouvernement oublie non seulement que de par leur formation ces agents n’ont pas la capacité de discernement nécessaire pour juger de sanctions pénales, mais que ces sanctions, qui ont toutes les chances d’être arbitraires, pénaliseront toujours les mêmes : les petites et moyennes entreprises, les plus vulnérables donc les plus attaquables.

En effet, ce sont les multinationales et les banques que le gouvernement ferait mieux d’avoir en priorité dans le viseur, elles qui n’hésitent pas à s’expatrier fiscalement, à embaucher de la main d’œuvre à bas coût et à exercer une pression extrême sur leurs salariés au nom de la sacrosainte compétitivité. Mais, il est vrai qu’il est toujours plus facile de taper à bras raccourcis sur les PME lorsque l’on cherche à résorber une dette faramineuse de 1800 milliards d’euros. Plus facile, plutôt que de se procurer les listings bancaires des grandes firmes françaises, de mettre en place une vraie directive sur les travailleurs détachés les obligeant à payer les charges sociales en France, ou d'imposer une réglementation plus ferme en matière de harcèlement moral au travail, alors même que les cas de dépression et de suicides liés à ce phénomène se multiplient.

Alice VILLAIN